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Les musiciens klezmer de la fin du XIXe aux années 60
22 février | 18 h 00 min – 19 h 00 min
Jean-Sébastien Noël, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de La Rochelle
À l’orée du XXème siècle, l’écrivain Isaac-Leib Peretz publie un conte – La métamorphose d’une mélodie – dont le protagoniste est un air de musique qui se transforme à mesure qu’il se déplace dans l’espace et passe d’instrument en instrument. Par la métaphore, le conte de Peretz illustre l’histoire de ces familles de musiciens itinérants, les klezmorim, dont le répertoire se nourrit d’influences multiples (la liturgie juive, les mélodies mystiques des hassidim, la musique tsigane mais aussi les répertoires du théâtre de boulevard ou du cabaret). Cette histoire se confond avec celle des communautés juives d’Europe centrale et orientale de la fin du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle, marquées par la disparition progressive des modes de vie traditionnels du shtetl (cette bourgade où l’on parle yiddish) et les séductions de la métropole moderne, par la montée de l’antisémitisme et la multiplication des violences de masse, par les difficultés économiques, enfin, qui conduisent aux grandes vagues migratoires transatlantiques. D’Odessa à New York, de Saint-Pétersbourg à Buenos Aires, de Kazimierz à Brooklyn, les traces que ces musiciens ont laissées (archives écrites ou enregistrements) permettent d’écrire une page d’histoire atlantique et de réfléchir aux mutations d’une communauté qui est passée, en quelques décennies, de l’évanescence de l’oralité à l’ère discographique et radiophonique.
Maître de conférences en histoire contemporaine à La Rochelle Université), Jean-Sébastien Noël est spécialiste d’histoire culturelle de la musique dans l’espace Atlantique (fin du XIXe-XXe).
Initialement, ses recherches portaient sur l’influence des répertoires, des archives sonores et des pratiques musicales sur le processus mémoriel et sur les répertoires musicaux en temps de guerre.
S’intéressant aux «sound studies» et à une histoire sociale du sonore, il développe actuellement ses recherches sur l’analyse de réseaux de compositeurs, des institutions et des festivals de musiques d’avant-gardes, notamment dans l’Ouest de la France.
Ses travaux ont reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.