Marion Brun, docteure en littérature française

« Certains hommes sont tellement célèbres qu’on ne les voit plus. […] Marcel Pagnol [est] le plus illustre méconnu de la littérature française, […] Pagnol c’est notre Dickens. ». Ces mots de Jean Dutourd, académicien, à la mort de Marcel Pagnol, en 1974, sont plus que jamais d’actualité aujourd’hui où peu d’études universitaires sont consacrées à l’auteur et au cinéaste qui est pourtant en bonne place dans la mémoire collective ainsi que dans les manuels scolaires. La dation d’un abondant fonds de manuscrits de Marcel Pagnol au département des Arts du spectacle en 2019 permet pourtant un nouveau regard sur son œuvre, notamment son opus le plus célèbre, La Trilogie marseillaise (Marius, Fanny, César). Les brouillons, de bric et de broc, sont les témoins vivants des méthodes de travail de Pagnol : prolixe, la plume facile, il écrit et réécrit les mêmes passages, travaillant par accumulations successives jusqu’à des étapes parfois tardives de l’élaboration d’une œuvre. Les manuscrits permettent également d’appréhender la circulation de ses œuvres entre différents médias et supports : Marius et Fanny furent des pièces de théâtre, continuellement remaniées, même après leur adaptation à l’écran. A l’inverse, et à rebours de la hiérarchisation des genres, César a d’abord été pensé comme un film avant d’être créé au théâtre. Cette fluidité médiatique s’éclaire encore de scènes inédites présents dans le fonds Pagnol : l’interprétation de l’œuvre à partir de ces passages sacrifiés et des raisons possibles de leur suppression s’ouvrira à de nouvelles hypothèses.

Marion Brun est Professeure agrégée à l’Université polytechnique des Hauts-de-France, Docteure de littérature française. La thèse qu’elle a soutenue à la Sorbonne a pour titre « Marcel Pagnol, un “illustre méconnu” : réflexions sur les valeurs d’une œuvre littéraire et cinématographique ». Elle a depuis écrit de nombreux articles sur cet auteur «méridional».